QUI NOUS SOMMES?

Plusieurs des premières jeunes filles qui allaient donner naissance à la communauté des  Servantes lasalliennes de Jésus, après avoir été formées et diplômées à l’École Normale d’Instituteurs, ont travaillé comme enseignantes à l’École Notre-Dame de Fatima, dirigée par les Frères des Écoles Chrétiennes. Nous avons eu comme directeur Frère Hermann Austinvil qui savait attirer l’attention soutenue des enseignants et enseignantes sur la situation des élèves les plus affectés par les difficultés  familiales, économiques et scolaires. Il nous rappelait aussi ce que saint Jean-Baptiste De La Salle voulait pour les enfants confiés aux soins de ses disciples.  L’intuition qui fut à l’ origine de notre existence comme  lasalliennes, disciples de saint Jean-Baptiste de la salle, nous la devons spécialement à ce Frère.

Ayant trouvé en saint Jean-Baptiste De La Salle un grand apôtre de l’amour de Dieu auprès des enfants déshérités et quelqu’un capable de nous aider à découvrir ce que le Seigneur voulait de nous, nous avons, au fur et à mesure, pris la décision de nous mettre à la suite de Jésus en suivant l’itinéraire évangélique qu’il a tracé. Saint Jean-Baptiste De La Salle, par le biais des Frères, est notre guide dans cette démarche.

Le Frère Visiteur auxiliaire d’alors, Frère Benoît Marcoux,  après nous avoir observées dans notre cheminement lasallien, a accepté bien volontiers de nous  accompagner durant plusieurs années. Il nous a offert la possibilité de connaître davantage Saint Jean-Baptiste De La Salle et d’assimiler les éléments essentiels de sa spiritualité.  Nous sommes en 1992 où notre existence comme groupe  était  très informelle, voire précaire. Plusieurs d’entre nous dont la motivation pour ce que  nous voulions vivre était peu fondée se montraient très indécises. Leur présence rendait plutôt lourde la vie du groupe. Un discernement  objectif et sérieux s’imposait nécessairement à chacune  et à tout le groupe. Nous savions nous demander si nous devrions donner suite ou non à une telle démarche. Il fallait à tout prix prendre une décision. L’accompagnement humain et spirituel du Frère Visiteur auxiliaire et de Frère Hermann a été un soutien très apprécié. Mais nous savions consacrer du temps à la réflexion personnelle et groupale, à la  prière et surtout à l’écoute de la Parole de Dieu. Finalement, plusieurs sont parties. Celles qui sont  restées ont pris la ferme décision de continuer la démarche. 

Le Frère Visiteur auxiliaire, attiré par notre détermination, nous donnait le nom de Rosettes en  faisant allusion à Rose-Marie qui fut une petite sœur très aimée de Saint Jean-Baptiste de la Lasalle. Il va sans dire que nous étions déjà considérées  comme des petites sœurs du Fondateur des Frères des Écoles Chrétiennes, et nous étions heureuses de nous considérer nous-mêmes comme telles.

 Durant plusieurs années, nous avons connu des difficultés d’ordre structurel et économique assez importantes affectant l’évolution normale de notre groupe. Par ailleurs, la volonté et la détermination de vivre effectivement  notre consécration baptismale à la lumière de l’esprit de saint Jean Baptiste De La Salle étaient de plus en plus grandes chez nous. Les difficultés nous rendaient   plus fortes dans notre désir profond d’épouser le cœur de Jésus  comme Jean-Baptiste De La Salle lui-même l’a épousé afin d’être corps et âme au service éducatif des enfants pauvres de notre pays. Nous pouvons même dire que les difficultés nous ont aidées à grandir. Elles nous ont confirmées dans ce que nous voulions vivre et réaliser ensemble. Comme l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes ne pouvait pas nous recevoir pour être Frères à cause de notre sexe, il nous fallait trouver une formule adaptée à notre aspiration profonde.

En observant notre façon de vivre entre nous et l’attention spéciale  que nous savions accorder aux enfants de notre milieu, beaucoup de gens ont commencé à nous appeler : « Les Lasalliennes de Port-de-Paix.» À ce moment-là, une bonne partie de notre temps était effectivement consacrée aux enfants qui avaient des difficultés d’apprentissage et autres. Avec l’aide d’un groupe italien de Milan qui allaient donner le jour à l’association ANPIL, nous savions les nourrir régulièrement et même payer leurs frais scolaires et sanitaires.

En septembre 2007, un mois après la prise de possession du Foyer d’Accueil Lasallien pour Enfants construit par des amis et bienfaiteurs italiens, nous avons pris en charge trois jeunes filles orphelines que nous logerons  au Foyer d’accueil. Sans notre soutien, Elles seraient facilement devenues des fillettes vivant en domesticité ou des fillettes dans la rue. Toute l’année durant, nous leur offrirons un milieu de vie aimant et sécurisant, favorisant ainsi leur épanouissement. Les jeunes sont hébergées, nourries, vêtues, éduquées et soignées, le cas échéant, gratuitement. Depuis septembre 2008, le Foyer accueille onze filles. Nous partagerons volontiers avec elles ce que la Providence nous envoie pour notre subsistance. Nous éprouvons une grande satisfaction de pouvoir, grâce à Dieu, soulager leur misère et leur souffrance. C’est l’état  infrahumain des enfants pauvres de notre pays qui a fait naître au foyer de notre conscience la volonté de nous aventurer à la suite de Jésus à l’exemple de saint Jean-Baptiste de La Salle. L’Amour des enfants déshérités est la seule raison d’exister de notre « être ensemble ».

 Si nous avons commencé notre expérience lasallienne au cours de l’année 1992, c’est donc, en réalité, au début de 1989 que notre groupe  a pris le caractère d’une communauté avec un minimum de structures. Nous nous retrouvions ensemble sous un même toit avec la ferme volonté de continuer de nous mettre à l’école de saint Jean-Baptiste De La Salle. Étant ensemble nous avions décidé de :

1-Fonder réellement notre expérience sur la vie de communauté, de prière et d’apostolat;

2-Travailler à la promotion humaine et chrétienne de tous les enfants confiés à notre responsabilité, spécialement de ceux  qui sont issus des familles pauvres;

3-Avoir comme champs d’action : santé, éducation et l’enseignement de la catéchèse.

Au fur et à mesure, dans la prière et la réflexion, nous avions appris à nous organiser  en mettant en lumière les différents aspects qui devaient tisser notre « être ensemble » et préciser les objectifs à atteindre. Nous avons acquis une sorte de savoir-faire à partir des expériences vécues en travaillant dans une institution des Frères.

C’est à la fin de l’année 1989 que Nous nous appelons : «Servantes lasalliennes de Jésus.» Ce nom nous est venu à l’esprit après plusieurs rencontres d’échange, de partage et de prière. Nous L’avons choisi comme le nom officiel de notre communauté en nous tournant constamment vers la Vierge Marie, la toute première Servante de Jésus, et vers saint Jean-Baptiste De La Salle en qui nous avons trouvé un guide et un accompagnateur capable de nous aider dans notre recherche de la volonté de Dieu sur nous. Nous avons pu tenir jusqu’ à cette présente minute parce que nous n’étions pas seules.

À la suite de  plusieurs démarches, au cours de cette même année, l’évêque de Port-de-Paix nous a reconnues officiellement comme communauté à caractère religieux et lasallien en évolution dans son diocèse. Et depuis lors, nous respirons beaucoup mieux. Sachant la rigueur avec laquelle l’évêque traite habituellement les affaires,   C’était pour nous un signe que Dieu était réellement avec nous.

Au service de l’Église et de la société, comme Servantes lasalliennes de Jésus, nous collaborons avec les autorités religieuses et civiles de la ville afin de mieux répondre aux besoins des enfants défavorisés qui croisent nos chemins. En vivant l’évangile à la lumière de la spiritualité lasallienne, au cœur du diocèse de Port-de-Paix, nous exprimons notre volonté de collaborer à l’édification d’une société plus juste, plus solidaire et plus pacifique où l’être humain est au centre de tout.

Dans un pays où la malnutrition, l’analphabétisme, la malaria et  le SIDA sont omniprésents nous voulons, nous aussi, offrir notre modeste contribution à la construction d’une nouvelle société haïtienne. Des données assez récentes font état de 250 000 à 500 000 enfants haïtiens qui vivent en domesticité. (UNICEF) d’ après la Commission Épiscopale pour la Famille de l’Église Catholique d’ Haïti (avril 2009), 2000 enfants, chaque année, sont trafiqués vers la République Dominicaine, et 25% des enfants en âge d’aller à l’école se retrouvent en dehors du système éducatif.

La situation des enfants en Haïti est de plus en plus dramatique, voire catastrophique. Ces données prouvent que le charisme lasallien est réellement un besoin pour les enfants haïtiens.

Comme tous les disciples de Saint Jean-Baptiste de La Salle, nous nous faisons un devoir d’accorder une attention spéciale à la formation intégrale de l’enfant. Cette formation doit lui permettre de se réaliser le mieux possible et de prendre conscience qu’il est l’acteur  principal de ce qu’il veut être dans la vie : devenir un homme ou une femme capable de se prendre en main, de se mettre au service de sa famille et de son pays.

Depuis plusieurs années nous dirigeons une école primaire au profit de plus de 200 enfants. Depuis son existence, les élèves de la 6e année fondamentale  de l’école donnent toujours cent pour cent dans les examens de l’État. Les responsables départementaux du Ministère de l’Éducation nationale visitent régulièrement notre école et nous félicitent toujours  pour la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants. Nous avons aussi mis un dispensaire à leur disposition. Ce dernier dessert également les pauvres du milieu qui n’ont pas d’accès aux soins faute de moyens. Ce que nous faisons pour les enfants en situation difficile de notre pays est modeste. Cependant,  nous estimons que notre présence a sa raison d’être.

Nous sommes présentement membres de l’AKESNA, une organisation formée des représentants et représentantes de toutes les communautés religieuses autochtones reconnues par l’évêque respectif.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

 Nous sommes pour le moment deux (2) Sœurs, une  (1) novice, deux (2) postulantes. Une quinzaine de jeunes filles cheminent avec nous. Nous remercions du fond du cœur tous les Frères qui nous ont aidées et qui nous aident encore à mieux connaître saint Jean-Baptiste De La Salle, à l’aimer  et à nous aventurer à la suite de Jésus à la lumière de la grande richesse spirituelle qu’il a laissée à l’Église universelle. Parmi ces Frères qui nous aidées, plusieurs sont déjà rendus dans l’autre monde. Nous nous sentons toujours en synergie avec eux dans la Communion des Saints dont nous sommes tous membres. 

                                                                    Sœur Majorie Jean-Pierre S.L.J.

                                                            Le 3 novembre 2009

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